Une journée d’étude organisée par le Centre Marc Bloch (CNRS-MAE), le Frankreichzentrum (FU) et le Bureau de coopération universitaire de Berlin (Ambassade de France)
La figure de Pierre Vidal-Naquet se détache indubitablement de celle de ses contemporains par l’alliance exemplaire qu’il avait su nouer entre plusieurs domaines historiques et par un courage sans guère d’équivalent. Sa mort, en juillet dernier, laisse un grand vide dans la communauté historique, tout particulièrement chez les jeunes chercheurs pour qui il avait pu jouer, sans forcément qu’on le connût, un rôle tutélaire. C’est sur cette influence que nous souhaitons nous pencher au cours d’une journée d’hommage organisée à Berlin.
Il ne s’agit certes pas de faire de Vidal-Naquet un modèle, mais de montrer quel commerce, parfois critique, des chercheurs en sciences sociales ont pu entretenir avec son œuvre. Une œuvre multiforme s’il en est, à l’articulation de plusieurs domaines de recherches que, par une érudition sans faille et un questionnement méthodologique toujours aigu, il était parvenu en quelque sorte à unifier. La Grèce antique, dans son fonctionnement économique ou symbolique, la Grèce également dans la manière dont elle fut perçu après coup ; le négationnisme et plus généralement l’histoire de la Shoah qui avait tragiquement croisé sa propre histoire. L’engagement fondateur, ensuite, contre la torture durant la guerre d’Algérie et toute une série d’autres courageux combats citoyens.
Pierre Vidal-Naquet a notamment publié L’Affaire Audin (Minuit, 1958), Journal de la commune étudiante (avec Alain Schnapp, Le Seuil 1969), Mythes et Tragédie en Grèce Ancienne (avec Jean-Pierre Vernant, vol. I, Maspero, 1972, vol. II, La Découverte, 1986), Le Chasseur noir. Formes de pensée et formes de société dans le monde grec (Maspero, 1981), Les assassins de la mémoire. « Un Eichmann de papier » et autres essais sur le révisionnisme (La Découverte, 1987), La Démocratie grecque vue d’ailleurs. Essais d’historiographie ancienne et moderne (Flammarion, 1990), Le trait empoisonné. Réflexions sur l’Affaire Jean Moulin (La Découverte, 1993), L’Atlantide. Petite histoire d’un mythe platonicien (Les Belles Lettres, 2005), ainsi que deux volumes de Mémoires (La brisure et l’attente. 1930-1955 et Le trouble et la lumière. 1955-1998, Le Seuil-La Découverte, 1995 et 1998).
La journée d’étude sera suivie d’un débat à l’Institut français de Berlin.