L’absence de Pierre Vidal-Naquet est terriblement difficile pour ceux qui l’ont connu. Nous vérifions tous les jours à quel point nous avons besoin de son exigence intellectuelle et de sa conscience morale.

Il serait étonné de savoir que tant de personnes le considéraient comme un Juste. Dans les moments difficiles, face à des choix douloureux, nous savions que PVN allait réagir et qu’il contribuerait à la réflexion et aux positionnements.

Pour PVN, l’estime et le respect le disputaient à l’affection. Sa pensée paraissait inflexible mais ne s’accommodait d’aucune arrogance. Il était d’une grande douceur, et sa discrétion s’accompagnait d’une remarquable présence. Il savait allier la fermeté des positions à une grande humanité et à une attention à chacun qui faisait de lui un rassembleur dans les situations les plus dramatiques.

PVN était un modèle d’intellectuel engagé. Il ne recherchait pas les combats, mais il ne les refusait jamais dès lors qu’il percevait que les mensonges et les haines mettaient en péril l’humanité toute entière. Il a montré que toute résistance est un sursaut collectif qui commence par des engagements individuels. Il a montré que le risque et l’engagement à contre-courant construit la force du témoignage.

Il était attentif à la question des identités collectives et l’avait nourri de ses recherches. À travers la compréhension du mythe, compris comme la manière dont un groupe se raconte l’Histoire de ses origines et se forge son identité. À travers aussi la lutte contre les « assassins de la mémoire » et les justifications de toutes les inhumanités.

Pour définir ses positions, il se situait dans la perspective d’une interrogation, sans concessions, sur les fondements de la nécessaire construction d’une conscience universelle. Il en tirait un courage constant et renouvelé pour trouver la force, quand il le fallait, de se couper de ses amis, de son groupe, de sa communauté.

Pour construire sa liberté.

Merci Pierre, merci PVN de ce que tu nous apportes.